La fin du ski… et après? Discussions entre associations touristiques sur les perspectives d’avenir des destinations de montagne

Le 20 octobre 2025, l'équipe d'AEQ et de Parq accueillait dans ses bureaux Olivier Érard, qui a accompagné la station de ski de Métabief, en France, dans sa transformation vers une station de montagne résiliente et innovante. Plusieurs associations touristiques étaient au rendez-vous pour échanger sur les enjeux liés à l'enneigement et à l'avenir de nos territoires face aux changements climatiques.

La présence d'Olivier Érard au Québec le mois dernier a rassemblé plusieurs acteurs clés œuvrant en transition climatique, qui ont profité de son expérience pour réfléchir au rôle des associations touristiques en matière d'accompagnement de leurs membres et de leadership climatique.

Organisée et animée par la firme Ellio, en collaboration avec Julien Mauroy, cette rencontre a permis à l'équipe d'AEQ et de Parq d'échanger sur ces enjeux majeurs avec Tourisme Laurentides, Tourisme Lanaudière, Tourisme Outaouais, l'Association des stations de ski du Québec et la Sépaq. Voici les principaux éléments de réflexion qui ont émergé de ces discussions :

1. Les changements climatiques font irruption dans les calculs de rentabilité

Des investissements majeurs ont été réalisés et amortis sur 20 ans pour maintenir le ski dans la station de Métabief et renouveler ses infrastructures. Mais en s’intéressant aux modèles climatiques les plus récents, l'équipe de la station réalise que l’enneigement naturel ne sera plus suffisant et que dans 10 à 15 ans, la neige de culture ne pourra plus pallier complètement cette perte. Des calculs révèlent aussi qu’aucune nouvelle offre diversifiée quatre saisons ne saura remplacer complètement les revenus du ski.

Ce constat est une occasion pour nous de :

  • Discuter de l'importance de se fier aux modèles climatiques pour mieux anticiper les changements.
  • Réaliser que le calcul de rentabilité dans un contexte de changements climatiques est crucial.
  • Bien évaluer les stratégies de diversification des activités pour éviter les mauvaises surprises (maladaptation, rentabilité, conflits d'usage, surfréquentation, etc.).

2. La résilience de nos modèles d'affaires est-elle basée sur la valorisation des compétences internes?

La décision d'arrêter le ski et de transformer la station de Métabief n'a pas été prise du jour au lendemain, tant le tissu économique et social en dépendait. Plutôt que d'investir et de renouveler les remontées mécaniques, l'équipe s'est appuyée sur les observations et les compétences du personnel pour établir un plan de maintien de l'activité et explorer l'avenir de la station sans le ski.

Ce constat est une occasion pour nous de :

  • Remettre en question le maintien d'activités de plein air aux retombées économiques importantes dans un contexte d'incertitude climatique.
  • Renforcer notre conviction que nos membres ont des connaissances, des expertises et des compétences qui sont précieuses pour nos réseaux et qui sont gages d'innovation et de créativité pour réinventer nos modèles.
  • Considérer les observations et les intuitions des équipes de terrain comme de précieux atouts pour démarrer une réflexion collective sur des solutions d'adaptation concrètes et la mise en oeuvre de projets pilotes.

3. Doit-on avoir peur de changer notre identité? Quelles sont nos perspectives d'avenir?

Modifier ses activités et être prêt à envisager un autre avenir, est-ce changer son identité? Olivier Érard nous a expliqué que la démarche de Métabief a permis de rassembler tout le monde autour de valeurs et d'ambitions communes. Un constat clair s'est dégagé du processus : le territoire montagneux et l'art de vivre lié à cet écosystème étaient bien plus identitaires que l'activité de ski. Le terreau est alors fertile pour expérimenter une nouvelle offre et de nouvelles collaborations pour vivre le territoire autrement.

Ce constat est une occasion pour nous de :

  • Valoriser la patience dans la recherche de nouvelles façons de vivre le territoire, de l'apprécier et de le faire vivre à nos visiteurs.
  • Prêter attention à la précipitation autour de solutions toutes faites.
  • Envisager la tenue de réflexions collectives sur l'identité profonde de nos activités et de nos territoires.
  • Expérimenter des démarches et des concepts qui favorisent la transition (économie régénérative, économie de la fonctionnalité et de la coopération, scénarios prospectifs, etc.).

En résumé, ce fut une rencontre très stimulante et enrichissante qui nous permet de poursuivre nos questionnements sur la meilleure façon de vous accompagner et de vous outiller dans cette transition climatique, sans perdre de vue les occasions que nous devrions saisir en chemin.